Guerre de Corée : hommage aux vétérans belges et Luxembourgeois

Belgique et Corée du Sud : unis dans le souvenir à Woluwe-Saint-Pierre

Sous un ciel d’automne clair, j’ai assisté ce jeudi 30 octobre à la cérémonie annuelle organisée au monument de Corée, au cœur de Woluwe-Saint-Pierre. Comme chaque année depuis la fin des années 1960, vétérans, diplomates et citoyens se sont réunis pour honorer la mémoire des volontaires belges et luxembourgeois tombés en Corée. En observant le recueillement silencieux de l’assemblée, j’ai pensé à ces hommes qui, entre 1950 et 1953, ont traversé le monde pour défendre la liberté d’un peuple qu’ils ne connaissaient pas encore.

Un hommage empreint de dignité et d’émotion

En présence de M. Benoît Cerexhe, bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre, et de Son Excellence M. Ryu Jeonghyun, ambassadeur de la République de Corée en Belgique, l’émotion était palpable dès les premiers mots de discours prononcés par Monsieur l’Ambassadeur. Les drapeaux se sont inclinés, les gerbes ont été déposées, et les visages — parfois marqués par le temps, parfois par la reconnaissance — se sont tournés vers les noms gravés dans la pierre du monument.

Dans son discours, Son Excellence M. Ryu Jeonghyun a rappelé le sacrifice exceptionnel des 3 171 Belges volontaires engagés dans le Bataillon belge de l’ONU, dont 101 ne sont jamais revenus.

« La République de Corée n’oubliera jamais le prix de la paix. Ces hommes ont inscrit le nom de la Belgique dans notre histoire, et dans nos cœurs », a-t-il déclaré avec émotion.

La FRCVC, gardienne de la mémoire

La cérémonie, à l’initiative de la Fraternelle Royale du Corps de Volontaires pour la Corée (FRCVC), a également rendu hommage à ceux qui perpétuent le souvenir de cette fraternité d’armes.
La présidente de la FRCVC, Mme Claudia Grooten, et M. Denis Leponce, membre du conseil d’administration, ont prononcé un discours émouvant, dans les deux langues nationales, rendant hommage à ces nombreux vétérans et à leur généreux sacrifice.

Une minute de silence a ensuite réuni l’assistance, interrompue seulement par le souffle du vent dans les drapeaux.
J’ai été particulièrement touchée par la simplicité et la dignité de ce moment : aucun mot n’était nécessaire pour mesurer le poids de la mémoire partagée.

Un engagement bilatéral toujours vivant

M. Benoît Cerexhe et M. Ryu Jeonghyun ont ensuite déposé chacun une gerbe au pied du monument, au nom de leur pays respectif ainsi que Mme Claudia Grooten au nom de la FRCVC.

Ils sont suivis par des représentants de la Défense belge en la personne du Lieutenant Général Descheemaeker Vincent, de la Défense coréenne, en la personne du Colonel Moon Dongsu.

Fondée dans les années 1950, la FRCVC œuvre depuis plus de soixante-dix ans à maintenir le lien entre les vétérans belges, leurs familles et la République de Corée. Elle contribue activement à la transmission de la mémoire, notamment auprès des jeunes générations et des institutions publiques.
Grâce à son engagement constant, la Belgique demeure l’un des rares pays européens à entretenir une relation aussi vivante et respectueuse avec les anciens combattants de la guerre de Corée.

Un héritage de paix à transmettre

Aux côtés des représentants civils et diplomatiques, la présence des forces armées des deux pays soulignait la continuité du partenariat militaire et stratégique entre la Belgique et la Corée du Sud.
Alors qu’ont retenti les premières notes de « The Last Post », j’ai ressenti à quel point cette alliance, née dans l’épreuve, reste aujourd’hui un symbole d’amitié et de paix durable.

Rappel historique de l'engagement belge auprès de la Corée du Sud

À l’hiver 1950, alors que la guerre entre les deux Corées fait rage, la Belgique répond à l’appel des Nations unies en envoyant un bataillon de volontaires. « Alors qu’environ 700 volontaires belges furent d’abord déployés pour constituer le bataillon, quelque 3 171 Belges au total servirent pendant la guerre en Corée. Ils sont souvent très jeunes, issus de toutes les régions du pays. Beaucoup n’avaient jamais quitté l’Europe, et pourtant, ils s’apprêtent à traverser la moitié du monde pour défendre la liberté d’un peuple qu’ils ne connaissent pas.

Leur départ, depuis le port d’Anvers ou les gares militaires, se déroule dans une atmosphère mêlant fierté et gravité. Les familles assistent, les larmes aux yeux, à l’embarquement de leurs fils, frères ou époux. Les volontaires portent un uniforme trop grand, un casque brillant de neuf, et dans le cœur une conviction simple : celle d’accomplir leur devoir.

Le voyage vers la Corée dure plusieurs semaines, souvent via le canal de Suez et Singapour, avant de rejoindre le front du fleuve Han. Là-bas, ils découvrent un pays dévasté, un hiver glacial et un ennemi invisible. Mais ils découvrent aussi un peuple courageux et reconnaissant.

Pour beaucoup, ce départ ne fut pas seulement un acte militaire, mais un engagement moral : celui de croire que la paix et la liberté ne s’arrêtent pas aux frontières de son propre pays.